côte du royaume de Sin-ra, battit les troupes chargées de l’arrêter et imposa un tribut. En 246, les Chinois, à leur tour, sont vainqueurs des Coréens, qui font leur soumission ; presque en même temps, les Japonais s’emparent de toute la partie méridionale de la presqu’île. Au siècle suivant, un homme appelé Kao, originaire du pays de Fou-yu, situé au nord-ouest de la péninsule, usurpe le pouvoir et fonde probablement l’unité du royaume de Tcho-sèn (Extrême Orient), qui prend alors le nom de Kao-li[1]. La possession du trône est disputée aux descendants de Kao, mais son petit-fils reste définitivement le maître. Le cinquième siècle n’est marqué par aucun événement d’une importance capitale. Pendant toute sa durée, les Coréens et les Japonais sont en relations tantôt amicales, tantôt hostiles, ils échangent fréquemment des ambassades. En 552, le bouddhisme est importé au Japon. Dix ans plus tard, les guerres recommencent et continuent pendant longtemps du côté de la Chine et du côté du Japon, avec des alternatives de succès et de revers. En 663, la Corée se débarrasse définitivement des Japonais, et depuis lors les relations entre les deux pays perdent considérablement de leur importance politique. Enfin en 637 la Corée est de nouveau envahie et soumise par les Chinois : depuis cette époque, ce pays s’est presque complètement séparé de ses voisins et n’entretient avec eux que les relations très-restreintes dont il a été parlé plus haut[2].
La Corée n’est encore connue des Européens que par les livres chinois, la relation d’un naufragé hollandais qui subit une année de captivité dans la capitale, et quelques courts récits de missionnaires et de navigateurs. C’est assez dire que ce pays, quand il sera accessible aux puissances maritimes de l’Occident, offrira un vaste champ aux investigations des savants et aux explorations des voyageurs. Malgré sa situation favorable au point de vue stratégique, malgré son climat salubre, la Corée est restée à l’abri des convoitises européennes et en dehors des combinaisons politiques. Au moment où une partie de l’Europe avait les yeux fixés sur la Chine et le Japon, qui venaient de s’ouvrir au commerce extérieur, le nom même de la péninsule n’était pas prononcé. Personne, sauf peut-être les Russes, ne songeait à s’introduire dans cette contrée mystérieuse, vierge du contact des barbares. Mais, si la diplomatie n’avait pas voulu s’en occuper, il n’en était pas de même de l’apostolat catholique, toujours à la recherche de pays nouveaux où il puisse répandre sa foi.
Les premiers missionnaires entrèrent en Corée vers l’an 1820, et y vécurent paisiblement jusqu’en 1839.
Cette dernière année fut dure, et pour le pays affligé d’une famine, et pour la mission, dont trois membres furent mis à mort. L’œuvre de propagande n’en continua pas moins avec assez de succès pour que, pendant les années suivantes, de nouvelles persécutions fussent ordonnées contre elle. En 1847, le gouvernement français résolut d’intervenir et envoya à cet effet en Corée la frégate la Gloire et la corvette la Victorieuse. Malheureusement, ces deux bâtiments, munis de renseignements insuffisants, firent naufrage. Les équipages, pourvus d’armes et de provisions, purent se réfugier sur un îlot de l’archipel Ko-Koun. Ils attendirent là les secours que deux courageux officiers étaient allés chercher à Shang-haï, et furent bientôt recueillis par les navires de la station anglaise.
En 1856, l’amiral Guérin, commandant la Virginie, fut plus heureux : il découvrit le golfe du Prince Jérôme et l’archipel du Prince Impérial, mais ses