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qui se partagent aujourd’hui le Canada ne peuvent que gagner à se connaître.

Avant de quitter la capitale du Bas-Canada, disons quelques mots de la presse, et en particulier de la presse française.

Celle-ci est représentée par deux journaux quotidiens : l’Événement et le Journal de Québec, un journal tri-hebdomadaire, le Canadien, et un hebdomadaire, le Courrier du Canada. L’Événement, lors de mon passage à Québec, avait pour rédacteur M. Hector Fabre, qui est certainement l’un des plus charmants écrivains du Canada. La verve toute gauloise avec laquelle il sait fustiger ses adversaires politiques, sans jamais descendre jusqu’à l’injure brutale et violente, si familière, hélas ! à la plupart des journalistes américains, lui donne une place à part dans la presse périodique bas-canadienne et dans le parti libéral auquel il appartient.

Chasse au caribou. — Dessin de F. Bassot, d’après une photographie.

Le Journal de Québec est rédigé par M. Cauchon, écrivain quelquefois dur et incorrect, mais d’une grande énergie. M. Cauchon, vrai fils de ses œuvres, jadis l’un des chefs du parti conservateur, aujourd’hui rallié aux libéraux, a joué et joue encore un grand rôle dans l’histoire de son pays. Il a été plusieurs fois ministre pendant l’union des deux provinces, et, après l’organisation de la Confédération en 1857, il a été pendant plusieurs années président du Sénat fédéral.

Le Canadien est le plus ancien journal français de l’Amérique du Nord : fondé en 1806, il fut plusieurs fois supprimé au temps de l’omnipotence des gouverneurs anglais. Jadis l’un des organes du parti libéral, il appartient aujourd’hui aux conservateurs.

Le Courrier du Canada représente les idées ultra-catholiques. On m’a dit qu’il avait autrefois pour rédacteurs des écrivains de talent ; mais, au moment où je me trouvais au Canada, c’était incontestablement le journal le plus mal fait de la province.

De l’autre côté du fleuve, à Levis, se publie un autre petit journal français, l’Écho de Levis.

Quant à la presse anglaise, elle a deux journaux politiques, le Chronicle et le Mercury.

Quelques autres publications scientifiques, littéraires ou religieuses dans l’une ou l’autre langue, et une excellente revue mensuelle, le Journal de L’Instruction publique, qui paraît en français et en anglais, complètent cette liste, fort respectable à tous égards pour une ville de soixante mille habitants.

Presque toutes les imprimeries des journaux qué-