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habitants du pays serait convoquée à Fort Garry. Elle eut lieu le 18 janvier 1870. M. Donald Smith prit la parole au nom du gouvernement canadien, promettant que tous les droits des anciens habitants seraient respectés, et qu’aucune poursuite ne serait intentée à l’occasion des troubles. Les conditions de l’entrée du Nord-Ouest dans la confédération furent discutées entre les commissaires et quarante délégués élus par l’assemblée. Riel fut confirmé provisoirement dans ses pouvoirs par les trois quarts des délégués, et une députation de trois membres, le juge Black, messire Ritchot et M. A. H. Scott, fut chargée d’aller présenter à Ottawa la « déclaration des droits » des colons de la Rivière Rouge.

Riel. — Dessin de E. Ronjat, d’après une photographie.

Tout allait être arrangé sans effusion de sang, quand le docteur Schultz, évadé de prison, tenta encore une fois de renverser par la force le gouvernement que venait de confirmer le suffrage populaire. Il parvint à rassembler à Saint-André, à 15 ou 18 kilomètres en aval de Fort Garry, cinq à six cents blancs et métis anglais avec deux cents sauvages et donna l’ordre de commencer la guerre à outrance contre les Français sur toute l’étendue du pays. Un de ses émissaires fut arrêté et condamné à mort ; mais la sentence ne fut point exécutée, grâce aux efforts de deux chefs métis, Ambroise Lépine et Goulet. Quant à sa troupe, son avant-garde, commandée par un ex-major de milices nommé Boulton, fut dispersée par Ambroise Lépine à la tête d’une trentaine de cavaliers métis. Houlton fut pris, le reste de « l’armée » du docteur se débanda, et lui-mème s’enfuit par un froid terrible jusqu’à la frontière des États-Unis. Le major Boulton, condamné par une cour martiale, dut la vie aux instances de M. Donald Smith, qui fit les plus louables efforts pour amener la pacification du pays.

Lépine. — Dessin de E. Ronjat, d’après une photographie.

Les prisonniers faits lors des deux tentatives de soulèvement du parti anglais étaient enfermés au Fort Garry. Il paraît que l’un d’eux, Th. Scott, parvint un jour à forcer les portes de sa prison et se livra à des voies de fait sur les hommes chargés de sa garde. Une première fois on se contenta de le menacer ; mais à la suite de nouveaux actes de violence, il fut traduit devant une cour martiale composée de sept chefs métis présidés par Ambroise Lépine, condamné à mort le 3 mars et fusillé le 4.

Cette mort causa une énorme sensation dans le pays et au Canada ; l’exécution avait été entourée d’un certain mystère ; le corps lui-même avait disparu — on croit généralement qu’il fut jeté de nuit à la rivière — et le bruit se répandait bientôt que des incidents d’une regrettable barbarie avaient marqué la fin de ce triste drame. Dans la province d’Ontario, dont Scott était natif, l’excitation fut telle, que l’un des délégués de la Rivière Rouge — le P. Ritchot — fut arrêté en arrivant à Ottawa. On le relâcha presque aussitôt ; mais, par contre, le lieutenant-gouverneur d’Ontario lança une proclamation promettant une récompense de plusieurs milliers de dollars pour l’arrestation de Riel et de ses complices.

Cependant le gouvernement canadien avait fait