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sont aussi les plus éclairés. Comme en Danemark, où tout le monde sait lire et écrire, la Suisse montre sa sollicitude pour la propagande de l’instruction et la vulgarisation des sciences. À chaque pas, sur les promenades, on rencontre une chose utile : ici, un hydromètre sur une colonne de pierre graduée ; là, une boussole ; plus loin, une formule scientifique, une sentence, une inscription, un souvenir historique.

Il fait une belle journée. À midi, nous prenons le train qui nous ramène au Locle, où nous dinons solidement. La voiture est attelée, et le cheval bien reposé reprend allègrement le chemin de retour.


LE SAUT-DU-DOUBS.


Vers quatre heures de l’après-midi, nous sommes aux Brenets, en repassant par le Col des Roches. Comme Morteau, le village des Brenets a été détruit par un incendie et reconstruit à neuf. Ses maisons blanches sont élégantes comme des villas rustiques.

La route en spirale mène en un quart d’heure au lac de Chaillexon (chal, roc, son, lac), ainsi nommé du rocher qui s’élève au milieu de ses eaux. Ce lac a trois kilomètres de long sur quatre cents mètres de large. Sur le bord sont amarrés les bateaux de promenade qui conduisent les touristes au Saut-du-Doubs. Avant d’arriver à la chute, on traverse cinq bassins communiquant ensemble par des passes. En hiver, quand la glace porte, on peut les parcourir dans une voiture à deux chevaux.

Bassin du Saut-du-Doubs. — Dessin de Th. Weber, d’après une photographie.

On connaît la légende populaire des deux jeunes mariés qui, dans une promenade en barque sur le lac de Chaillexon, s’aperçurent trop tard qu’ils étaient entraînés par un courant ; ne pouvant résister à son attraction, ils franchirent le Saut-du-Doubs et disparurent dans le gouffre qui ne rend pas ses proies.

Nous passerons sous silence les autres légendes et les traditions qui s’y rattachent, nous bornant à décrire les grandes lignes du paysage.


Premier bassin.


En pénétrant dans le premier bassin, l’horizon est borné de chaque côté par des montagnes boisées de sapins et d’arbustes, mêlant les tons de leur végétation, depuis le vert tendre jusqu’au noir, et dont la base est formée de rochers nus. À droite, la Croix fédérale ; à gauche, les Trois couleurs françaises sur le roc.

Sous la Croix fédérale, s’ouvre la Grotte de Toffière. De l’autre côté, dans un angle où l’eau dort, un écho