CHEZ LES CANNIBALES.
texte et dessins inédits.
I
Le 24 mai 1880 je m’embarquai sur le trois-mâts Einar Tambarskjælver qui devait partir de Snarøen (île de Snar), près de Christiania, pour se rendre directement à Port-Adélaïde, avec une cargaison de bois raboté, J’emportais quelques instruments de pêche et de chasse, fournis par l’Université, des peaux d’oiseaux du Nord, pour effectuer des échanges avec les musées d’Australie, ainsi que des fusils, des munitions, etc.
Quelles sources d’impressions profondes qu’une navigation par la mousson nord-est, un coucher de soleil dans les mers du tropique ou par une nuit claire et étoilée sur l’océan avec ses phosphorescences !
Quand on a franchi la zone où le calme plat peut, tout à coup, faire place à une tempête furieuse, on atteint promptement, à l’aide de la mousson du sud-est, la région des vents d’ouest. La Croix du Sud, les Nuées de Magellan, indiquent la proximité des mers du Sud. Des pigeons du Gap, des mouettes, des albatros dont on ne se lasse pas d’admirer le vol superbe, nous accompagnent des semaines entières, ce qui n’enlève pas au voyage tout côté désagréable. Ainsi, Le 17 août, à six heures du matin, une tempête terrible nous assaillait : le navire perdit ses voiles et dut continuer sa route avec quelques lambeaux de bas-huniers et de misaine. L’eau embarquait ; un des escaliers du gaillard d’arrière fut brisé ; un paquet de mer pénétra dans l’écoutille, enfonçant deux portes, un autre désarrima les tonneaux
- ↑ Blant menneskeædere 4 aars rejse : Australien af Carl Lumholtz (O. H. Delbanco, G. E, C. Gad. F. Hegel et Son, C. C, Losc. — Copenhague, 1887).