LE TOUR DU MOND
NOUVEAU JOURNAL DES VOYAGES
Vue de Paima (voy.
VOYAGE AUX
p. —
ILES BALÉARES.
MAJORQUE,
PAR M.
GASTON VUILLIER.
19388. — TEXTE ET DEESSINS INÉDITS.
Tous les dessins de cette livraison ont été exécutés par M. G. Vuilier, d’après ses propres croquis et des photographies communiquées par M. S$ellares et par M. Torres, photographe à Palma.
A ——
Barcelone, à bord de la Cataluña, cinq heures du soir, octobre 1888. — On lève les amarres, le, pilote commande, le navire doucement évolué, il franchit la passe,
La mer est légèrement houleuse, le vent souffle du sud-est.
Le soleil se couche parmi des nuages sanglants : ses rayons colorent encore la grande ville, flambant sur le sommet des édifices, sur les mâts des vaisseaux mouillés dans les eaux mortes du port, illuminant les clochers octogones de Santa Maria del Mar et la grande figure
de Christophe Colomb dont la statue, dressée sur-une
immense colonne, domine la baie, indiquant du geste Les espaces infinis de l’horizon.
Je quittais Barcelone en pleine Exposition, j’avais passé deux jours dans cette ville brillante : une foule
LVUI.
—— 1487* LIv,
T
animée se pressail dans les rues pleines de cris et de
chants. La nuit tombe landis que nous gagnons la haute
mer, et, appuyé aux bastingages du navire, je suis des
yeux le sillage phosphorescent, route lumineuse qui va s’évanouir dans l’ombre mystérieuse des côtes d’Espagne où quelques vagues clartés indiquent à peine la ville que nous venons de quitter. Je demeurai sur le pont une partie de la nuit ; je pus voir la lune se lever, et admirer longuement ses reflets d’argent dans l’eau sombre, tandis que les beaux vers du poète catalan Jacinto Verdaguer me revenaient à la mémoire :
Oh ! qu’elle est belle la mer, Qu’elle est-belle en la nuit sereine ! Ce tant regarder le ciel hleu,
Ses yeux à la fin bleuissent.
