DE PÉKIN À PARIS[2],
Nikolaïevsk (suite).
e commandant Kruger nous conduit à terre. Nous
allons d’abord visiter notre cabine sur le Mouravieff Amourski.
Elle est à l’avant, dans la cale, et
est éclairée par un hublot qui se trouve à une cinquantaine
de centimètres au-dessus de l’eau. Elle est assez
spacieuse, mais complètement dépourvue de lits et, par
conséquent, de draps, de couvertures, d’oreillers et de
matelas. Le mobilier se compose d’une table et de deux
banquettes analogues à celles de nos wagons. C’est
peu ; mais comme nous étions prévenus, nous avons
apporté le plus nécessaire de ce qui manque.
Nous croisons sur le pont deux messieurs à l’air fort distingué, qui, avec cette affabilité russe dont tout bon fils d’Albion aurait été scandalisé, nous adressent la parole dans notre langue. L’un d’eux est en uniforme : c’est le général de division Arsenielf, venu, il y a quelques jours, de Habarovka, la capitale des provinces de l’Amour, pour inspecter la garnison et les forts de Nikolaïevsk. Il doit prendre passage sur le Mouravieff Amourski, pour retourner à Habarovka avec tout son état-major. Nous aurons donc à bord nombreuse et agréable compagnie. L’autre est Le comte Lutzaw, directeur général des douanes.
Ces messieurs nous préviennent que notre arrivée fait l’objet de toutes les conversations et qu’on se mettra aux portes pour nous voir passer. Ils ont raison, car dans notre promenade dans les rues de la ville nous sommes l’objet de la curiosité publique, mais d’une curiosité discrète. Les distractions sont rares ici !
Nous allons rendre visite à M. Picard, chef de la