DE PÉKIN À PARIS[2],
XIX
De Tchita à Irkoutsk.
l
est 3 heures,
le yemchtchik
monte sur le siège,
fouette ses
bêtes et… nous
ne bougeons pas.
Le cheval de
droite refuse d’avancer
et rue sur
place, tandis que
les autres tirent.
On nous crie de
descendre, qu’il
va nous arriver
un malheur, qu’il
faut envoyer
chercher une autre
troïka. Alors
le yemchtchik,
qui sent son
honneur engagé,
dételle le cheval
du milieu et met
le récalcitrant à sa place. On lui dit que le cheval qui
doit trotter va prendre le galop, que celui qui doit
galoper va prendre le trot : il répond l’éternel
nitchévo, « cela ne fait rien », et au milieu des exclamations, des cris des assistants, il tape à tour de bras
sur ses bêtes, qui finissent par partir ventre à terre. Au
bout de la rue nous tournons à angle droit, puis nous
traversons le pont sur la Tchita, sans accroc, Dieu sait
comment ! Enfin nous passons les dernières maisons,
nous avons l’espace devant nous : nitchévo !
La route commence immédiatement à monter ; elle domine la ville, qui paraît maintenant à son avantage.
La Tchita et l’Ingoda, dont le confluent est sous nos yeux, et que nous voyons disparaître dans le sud-est, sont les derniers cours d’eau, non seulement du bassin de l’Amour, mais du versant de l’océan Pacifique.
À 8 heures, nous sommes à 1 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, au sommet de la chaîne des monts Yablonovoï ou des Pommiers, et nous entrons dans le bassin de l’océan Glacial arctique : nous n’en sortirons que de l’autre côté des monts Ourals.
M. Chichmareff n’a pas de tarantass à lui. Dans toutes les maisons de poste il y a des voitures à capotes fixes, d’aspect misérable, construites sur le modèle réduit du tarantass, que le smotritiel, maître de la station, est tenu de mettre à la disposition des voyageurs. On ne paye que pour les chevaux. Le péri-