Page:Le Vavasseur - Églogues, Lemerre, 1888.djvu/104

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Le maître, en tapinois, rit d’avoir dénoncé
Le serviteur qu’on a si bien récompensé
Et prend sa part de gloire, en faisant le sceptique,
Dans la fidélité de son vieux domestique.

     Quand le vieux Jean mourra, maître et valets en deuil
Iront au cimetière escorter son cercueil ;
Ce sera pour le maître un chagin véritable,
Puis toute la maison viendra se mettre à table
Et chacun coupera son pain tout en songeant ;
Personne ne prendra la place du vieux Jean,
Le voisin, regardant son verre d’un air sombre,
Reculera de peur de coudoyer une ombre,
Puis petit à petit la gaieté reviendra
Et, Petit-Jean n’étant qu’un homme, on l’oubliera ;
Mais ses réflexions, ses mots et ses histoires
Longtemps des laboureurs hanteront les mémoires.
Certains répéteront au moins dix fois par an :
« Comme disait défunt ce pauvre Petit-Jean… »

(1866).