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Page:Le Vavasseur - Églogues, Lemerre, 1888.djvu/123

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Ils pensent qu’elle fait tous ces frais-là pour eux.

Pour qui donc ? Qui le sait ? Elle a son amoureux,
Mais il se pourrait bien que la douce Marie
Fût coquette par goût de la coquetterie.
La reine de beauté du village normand,
Comme la Belle au bois a son prince Charmant,
Mais est-ce bien celui que les jeunes élèves
De la ville voyaient autrefois dans leurs rêves ?
Jean se conduit, dit-on, comme un saint ; il parait
Qu’on ne le voit jamais entrer au cabaret ;
Il fauche sans reproche, il laboure à merveille
Et tient le lendemain ce qu’il promit la veille,
Sa famille est sans tache, il est notre cousin.
Son héritage est bien au soleil et voisin
Du nôtre ; l’on pourrait, en les couchant en herbe,
Faire avec nos deux champs un herbage superbe.

     Les parents ne sont pas sans songer à cela.

Et lui ?

Et lui ?C’est notre ami d’enfance. En ce temps-là
Nous partagions ennuis, terreurs et gaietés folles.
Nous allions tous les deux aux petites écoles ;