Page:Le Vavasseur - Églogues, Lemerre, 1888.djvu/166

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LES MOUTONS


Il en est des moutons comme des écoliers ;
À voir leur uniforme, on les croit tous les mêmes,
Ils ont également l’air d’être forts en thêmes,
Ils ont tous de grands yeux et des fronts réguliers ;

Mais on en tâterait vainement des milliers
Sans trouver deux pareils dans ces visages blêmes ;
Tantôt fous, tantôt lourds, ils passent aux extrêmes
Mais tous ont la dent prompte à ronger les halliers.

Au sortir du bercail tout le troupeau s’emporte
Et, quand il faut rentrer, il s’écrase à la porte :
Tous veulent marauder quand ils sont au pâtis

Mais on sent qu’ils ont peur d’un œil qui les regarde.
Que faut-il pour grouper au camp grands et petits ?
— Un signe du berger ou du chien qui les garde.

(1863).