Page:Le Vavasseur - Juvenilia, Lemerre, 1888.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Lorsque les morts ont été
Cinquante ans couchés ensemble,
Tout le monde se ressemble ;
La laideur et la beauté,

La chair fine et la grossière,
Le cerveau du villageois,
Du poète et du bourgeois
Font une même poussière.

Lèvre qui rit, dent qui mord,
Langue qui pique ou caresse,
Bras qui soutient, main qui blesse,
Depuis longtemps tout est mort.

Le cœur dur et le cœur tendre,
L’œil noir, l’œil gris et l’œil bleu
Sont éteints et de leur feu
Il ne reste que la cendre.

En attendant, ici-bas,
Voyons-nous ce que nous sommes ?
Dans leurs traits d’enfants les hommes
Ne se reconnaissent pas.