Page:Le Vavasseur - Juvenilia, Lemerre, 1888.djvu/74

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L’autre, pauvre idiot, insensible à l’automne,
Mêlait au bruit du vent sa chanson monotone.
Il grelottait un peu, sur ses talons assis,
Comme font la plupart de ces pauvres transis
Qui sont, n’ayant reçu ni lumière ni flamme
Sans foyer dans le cœur et sans flambeau dans l’âme ;
On doutait si le froid lui venait du dehors
Ou si l’âme gelée engourdissait le corps.
Le dernier de tes fils, le plus jeune, ô Galice,
Était certainement le plus vieux en malice ;
Se sentant à l’abri de l’orage et de l’eau,
Ainsi que le pouilleux d’Esteban Murillo,
L’enfant tranquillement épluchait sa vermine,
Puis, faisant sans façon la nique à la famine,
Du coin de sa dent jaune écorchait de son mieux
Un oignon dérobé dans la poche du vieux.
Alors, abandonnant la Galice et l’Espagne,
Votre esprit, traversant la plaine et la montagne,
S’ennuyait d’être seul à contempler cela
Et vous disiez tout bas : Sœur, que n’êtes-vous là !

— Me voici, chère sœur, près de vous, côte à côte
Tout ce que vous voyez, je le transcris sans faute,
Nous sommes toutes deux sous le même rayon
Et ma plume galope après votre crayon.