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fortunez. Entreprise II.


vous qui l’auez allumé ? je ne vous deduy point l’eſtat auquel ie ſuis pour vous perſuader ce que i’ay en l’eſprit : mais pour vous declarer ce que vous ſcauez, ſi vous auez tant ſoit peu eſſayé quelle douleur cauſe l’eſloignement du ſuiet aymé. Par donnez-moy doncques & cognoiſſant que l’occaſion de mes agitations vient de vous, croyez que les effets à la fin n’en peuuent eſtre que raiſonnables. Soit que ie regrette voſtre preſence, vu que ieme dite les moyens de vous demonſtrer la perfettion de ma fidelité, à quoy ie m’addanneray auec telle conſtance, que vous m’eſtimere ( veritable en l’of fre & continuation de mon obeyſſance, en laquel le ie viuray pour vous ſeruir : Tenez-le pour vray ma vie, & fauoriſant d’vn peu de ſouuenance mon espoir, gratificK voſtre fidele, à ce qu’il vi ue, & vous ſerue ſelon la deuotion de ſon zele immortel.

Eſloigné de vos yeux ſi doux à mapenſee,
Je regrette, ie plains, ie remplis tout de pleurs,
Et de pointes d’ennuy i’aytant l’ame offencee,
Que mes penſees diuers ne ſont rien que douleurs.
En ceſte extremité mon ame eſt gemiſſante,
Loin de ce beau ſoleil mon vnique clairté,
Et n’eſtoit ſa douceur que ie merepreſente,
Ie mourrois ſuffoqué de ceſte obſcurité.
Ainſi qu’en mes ennuis doucement ie medite,
Que ieme reſſouuiens de vos perfections,
Meſurant mon amour, poiſant voſtre merite,
Ie me ſens poinçonné de trop de paſſions.
Pourquoy me plains-ie ainſi, ie ſcay que ma maiſtreſſe.
Accepte en mon deuoir mon cœur humiliè,
Et que parſes deſirs iugeant dema deſtreſſe,
Y penſant quelques fois, elle en aura pitié.