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fortunez. Entreprise II.


conſentement de ceux qui l’auoient deſpriſé, & · qui à leur tour l’eſtoient, & de ſi belle façon qu’encor qu’ils euſſent condamné quelqu’vn abſent, lors qu’il eſtoit preſent il eſtoit aidé à cenſurer les autres, cecy duroit touſiours fors u’à la mort : car ſi toſt que l’vn d’eux faifoit cloſture à ſa vie, il eſtoitvnanimement regretté, & chacun de ceux qui durant ſon eſtre l’auoient. trouué defectueux, publioit authentiquement ſes loüanges ; tellement qu’incontinentil eſtoit canoniſé, & declaré quoy qu’il en fut, auoir le degré de perfection : pluſieurs ſe vantans d’auoir l’eſtat de ſes deportemens, ſelon leſquels ils y paruiendroient. Les Fortunez furentauertis de ceſte complexi6 de perſonnes, & que cela n’im portoit qu’à ceux du païs : Car au reſte la courtoiſie y eſt notable, & partant ils ſe donnerent liberté d’en receuoir & d’en rendre, attendans le temps opportun de partir. En ce temps-là commençoit de paroiſtre vne des plus belles fleurs du monde, la fille du Roy de Quimalee ; Or ceſte fille eſtoit heritiere du Royaume, à cauſe de ſa mere, laquelle eſtoit decedee, & cependant le Roy ioüiſſoit comme tuteur de la belle, & que l’on ne pouuoit depoſſeder de ſon viuant ſelon les loix & les eſtats, & puis il eſtoit le plus grand terrien de tous ceux de l’iſle. Apres le de part de ſa chere Royne, & le deuil eſtant paſſé, il ſe remaria auec vne ſage & belle Princeſſe, fille d’vn Duc de Nabadonce que les Fortunez cognoiſſoient. Or le bruit de la beauté & ſageſſe de Cliambe, Princeſſe de Quimalee, auoit fait ſouſpirer infinis cœurs, & deſia ſon enfance


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