Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/437

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
400
Le uoyage des Princes


humilité me rabaiſſe, Belle dame vſez plus dou cemët de la puiſſance que vous auez ſur moy, & me gratifiant de voſtre bonté, propoſez moy vn effect, auquel paruenant ie vous demonſtre ma fidelité, commandez moy, vous qui eſtes la ſeuleloy de mes volontez, ie vous prie que i’aye ceſtc grace, à ce que vous ſoyez acertenee de l’integrité du courage, qui vous a tant voiié d’o— beiſſance, qu’il ne peut rien pëſer que pour vous ſeruir conſtamment, ſans imaginer autre gloire. CLIAMBE. En ceſte preuue que vous deſirez, vous me prenez comme eſtant cemplice de vo ſtre penſee, & ſur cela exagerant vos diſcours à l’auantage de voſtre imagination, vous poſez · ce que vous ne ſçauez t’il eſt, à ſçauoir ma volon té qui vous fait vouloir. CAvALIREE. Si vous ne vouliez pas ce que ie veux, ie n’oſerois le vou loir : Et ſi vous ne m’auiez conquis, & ſi ie n’e— ſtois à vous, ie ne pourrois me promettre le bien que ie me perſuade, & puis vous auez voulu que ie fuſſe voſtre, & m’auez receu. CLIAMBE.Vous m’auez ſi toſt repliqué, que ie n’ay pas eu loiſir de vous dire tout ce que ie deſirois, qui eſt que ie penſois que voſtre ame fuſt plus particuliere, & qu’elle n’euſt rien de commun : vous ſuyuez l’ordinaire par imitation, ou voſtre affection eſt ſemblable à la vulgaire, puis que vous m’en aſ ſeurez tant auant que i’en aye douté. CA VAL Et bien, ſil’amour me fait dire ainſi, pardonnez luy, il me fait preuenir le danger que ie crain, vous me voulez troubler, pour me faire perdre mes erres. Non, ie vous dy encores vne fois, que ie ne ſuis que ce quevous excitez en moy.


Cliambe.