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fortunez. Entreprise II.


Cliambe. Quoy ? vous voulez donc que vos propres penſees ſoient les miennes, & voſtrein · tention ma ſouuenance : vous eſtabliſſezvos pro poſitions eſtre mes reſolutions, & ainſi vous cö ſtituez ce qu’il vous plaiſt ſans quei’aye memoi re que iamais telle rencontre ayt paſſé deuant moy. CAv ALIREE. Que les Dames ont d’artifi ces pourtéter & trauerſer les cœurs qu’elles poſ ſedent’CL1AMBE.Que les Cheualiers ont demo yens pour perſuader ce qu’ils deſirent.CAvALIR. · Bien ! le temps & voſtre propre cœurferont voir laverité : & quoy que vous faciez vne feinte, ſi ne lairray-ie de perſiſter. Moname eſt ſi reſoluë en ſes deliberations legitimes, que iamais ie ne me deporteray de l’entrepriſe que ie cours au deſſein de vous ſeruir. — Il n’y a pas moyen d’empeſcher la flame de ti rer vers les Cieux, il n’y a pas auſſi d’ordre à re tenir vn cœur d’amour, qu il ne s’eſuante où il a ſes vœux. Ces propos que la Dame laiſſoit aller pour remuer l’opinion de Caualiree, le perſecu terent aſſez violentement, & il ne s’en peut taire, dont enl’vlcere de ſon courage, il luy fit ouyr ſa plainte en ceſte figure de ſa fantaiſie. — — C’eſt fait, il nefaut plus que ie meface croire, Qu’ilyayt en vos yeux pour moy quelque pitié, Tuis qu’vn ſi bel eſprit s’excuſe de memoire. fl pourroit bien auſſi s’excuſer d’amitié. | On aymeſans eſpoir, c’eſt en vain qu’on s’afflige, Si le doux.ſouuenir au deſir n’eſt conioint : Malheureux eſt le cœur quifollement s’oblige A cherir vn ſuiet, qui ne s’en ſonuient point. C’eſt battre de ſouſpirs l’aèrſans intelligence.


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