Aller au contenu

Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
fortunez. Entreprise I.


ſa tant auant, qu’elle vint où Viuarambe eſtoit couché : l’ayant veu de premiere opinion, cui da que ce fuſt quelqu’vn de ſa compagnie qui euſt eu le meſme deſir qu’elle, & qui ſe fuſt repoſé là : mais regardant plus attentiuement vid qu’elle ſe trompoit : & toutesfois luy fut aduis, qu’elle cognoiſſoit ceſt habit (d’autant que les Fortunés ne changoient point la façon, ny la couleur, ny l’ordre, ny valleur de l’eſtoffe de leurs habits) & qu’elle l’auoit veu. Donc elle s’en approcha plus curieuſement, & reconeut Viuarambe, dequoy elle fut fort eſmerueillee, & ſe tourna promptement, & le vint dire aux autres. Les matelots ſe mocquoient d’elle, elle inſiſtoit : partant il y en eut, qui la ſuiuirent, & vindrent où eſtoit le Fortuné, qui au bruict s’eſueilla, ſurpris en toutes façons, & eſtonné de voir ineſperement tant de perſonnes, dont auſſi toſt il recognut la pluſpart, qui eſtoient de ſes amis & cognoiſſance : ce qui luy fut vn commencement de ſouuerain bien, & ſur tout voyant deuant ſoy vne des filles d’honneur de la Royne de Sobare : à ceſte recognoiſſance ils adiouſterent les fortunes, qui les auoient là addreſſees. Viuarambe deſguiſant la ſienne, pource qu’il ne vouloit rien imputer à l’Empereur de Glindicee, leur dict, qu’apres vn grand naufrage, il s’eſtoit miraculeuſement trouué en ceſte ifle. Ce vaiſſeau où eſtoient tant d’amis apartenoit à la Royne de Sobare, auquel eſtoit ſon premier medecin, qui depuis le depart des Fortunez auoit eſpousé ceſte fille d’honneur de la Royne,