Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
fortunez. Entreprise II.

Fuir la maladie & durer la jeuneſſe.
De tout ce que l’on peut faire operation,
Le Magiſtere y eſt, le Mercure, l’eſſence,
Le ſouffre, le lixir, la ſeparation,
Le ſel, le ſpecific, l’arcane, la ſubſtance.
Que ſert de deſigner cet œuure precieux,
Si vous ne l’animez pour ſa proche naiſſance,
Prince vnique entre ceux qui attirent les yeux
Des plus galans espris qui cerchent l’excellence.
Ce ſujet eſt ſi grand, qu’il eſt d’vn grand l’hōneur,
Excitez le, car c’eſt vn œuure de memoire,
Celuy qui l’a tracé n’en ſera que facteur,
Vous en aurez le bien, le plaiſir, & la glaire.
Les diſcours ſont petits, ie voudrois auoir l’heur
De dire vos vertus & en eſtre capable,
Ma voix iroit ſi bien auec voſtre grandeur,
Que mon diuin accent ſeroit inimitable.
Ayant pour m’exercer vn champ ſi ſpacieux,
I’y ſerois tant parfait, & ia dire ie l’oſe
Que meſme vous ſeriez de ma gloire enuieux,
Si ſeul vous n’en eſtiez & l’auteur & la cauſe.

Beaux eſprits voyez, cōſiderez, pēſez, gouſtez, & iugez, & quād vous aurez apperceu quelque bluette ou plus de ceſte verité, vous aurés regret, vo° aurés grand dueil, que ceci s’eſt paſſé en tēps que vous n’y eſtiés pas, & ſi vous eſtiés presés, vo° vo° deſpeceriés de defplaiſir de ne l’auoir pas cognu.

En ces occupations nous attendions le départ de l’Empereur, non point ſeulement à cauſe de l’honneur que nous lui deuions, ou ſeruice que lui euſſions voué ou deu, ou pource que nous luy euſſiōs de l’affection, mais principalemēt (cōme c’eſt l’ordinaire des ſuyuans) pour noſtre propre


O iij