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Le uoyage des Princes


s’arreſter pres le cours d’vne fontaine vn peu deſtournee du grand chemin, là aupres y a quantité de beaux arbres de toutes ſortes leſquels s’efleuēt preſques tous d’vn meſme ordre vers le Ciel, & donnēt ombre opportune au beau petit palais où eſt la Fǒtaine de laquelle la Fee Epinoyſe eſt gouuernante & concierge. L’Empereur ly a eſtablie, afin de monſtrer aux curieux qui abordent iournellemēt en ce lieu : tout ce qu’il y a d’exquis à ce qu’ils en rēportent ce qu’ils y trouueront côuenir à l’accōpliſſemēt de leurs deſirs. Les Fortunés qui ne s’attēdēt qu’au hazard & belles rēcontres qui leur ſuruiēdront, s’auiſerēt apres s’eſtre vn peu repoſez d’approcher de ceſte belle maiſon, eſperāt y voir quelque rareté : ainſi qu’ils approchent, ils ſurprirēt la Dame appellāt ſes oyſeaux, & la cōſideroiēt en ceſte actiō de bōne grace, & y ayāt vn peu tardé, s’approcherent d’elle & la faluērēt. En ceſte ſurpriſe elle leur fit fort bō accueil, ainſi que lō a de couſtume ſelō les circōſtāces de biē-ſeāce, puis les ayāt cōſideré & remarqué à leur cōtenāce, quelque eſclat de lumiere que la vertu faiſoit eſtinceller à leur rēcontre, les pria d’ētrer iuſques à l’interieur du Palais, ceſte excellence qui les rēdoit acceptables, multiplioit en elle le deſir de leur dōner l’entree plus familiere qu’aux autres. Ainſi excitee par ces beaux hoſtes leur dit, Encores que la couſtume des Fees ſoit de ne ſaluer iamais ceux que no° ne cognoiſsōs point, ſi nous ne les ſurprenons ſans qu’ils nous ayēt apperceues, ſi ne lairray-ie de vous faire accueil, eſtant marrie pour l’amour de vo° que ie n’ay eu ceſt aduātage, c’eſt tout vn, approchez vo°, & iouyſſez du plaiſir qui ſe trouue icy, lequel eſt preparé aux curieux.