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fortunez. Entreprise II.


de viure n’eſt qu’vn iour coulant, qui doit eſtre continué, afin qu’enl’obſeruât on obtiene lenö de ſage & de parfait mainteneur d’amitié ! Celui qui ſaura & pratiquera ceci ſera celui meſme qui cognoiſt les humeurs pour s’arreſter à la bonne, & pour ſemblablement faire cognoiſtre la ſien ne, & ſe monſtrer conſtät & ſtable à ce que ſa vie d’amitié ne ſoit qu’vniour. Quädi’ay pris en ma bouche cinqgrains, ie n’eſtois pas auecvo°, & en l’eſtat que ie les ay mis en moy, i’en pourrois cö. ſumer vne belle quantité, ie penſois à ma mai ſtreſſe qui eſt diſtäte de moy de plus de quarante iournees, qui me ſont vn eſpace plus lög qu’au tant de vies entieres ; eſtre auec vous & auec elle ſe ſeroit vn grandiour, en ceiour-là il me faudra beaucoup de ſel, & à vous auſſi, ne recognoiſſant point mon abſence.Ie ſcay bien que vous ne me iugiez pas autre part que deuât vous, &que vous ne me penſiez pas ſi loing que ie di, tellemét que celui qui en ma preſence iugeroit comme vous faiſies, paſſeroit vngrádiour ſans auoir rien deſ couuert, & ſien tel temps il n’auoit deſcouuert, ou obſerué l’humeur dontil voudroit faire eſtat, iamais n’y atteindroit.Tout cela cöſideré, ce que le Roy vouloit dire, eſt que qui en autãt de téps, que chacû par les cinq ſens peutiuger d’vne per ſonne, ne preſume au vray de ſon habitude & in clination, & qui viuant enſemble ne perſiſtera en egalité chaque iour, cöme ſont egaux de ſub ſtance, les grains de ſel, iamais n’entendra rien ( en la parfaite vie, qu’il faut entretenir en ſ’entrai māt.Ors Madame, il faut parler à vous non ſeló le commun, auis & deuis ſerieux. Il conuient di-