Aller au contenu

Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/469

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
432
Le uoyage des Princes


cee, & auſſi la ſaiſon de deſplaiſir pour les deux : chaſtes amãs s’approchoit, & cependāt les deux cœurs vnis par l’amitié reciproque eurēt moyen de conferer enſemble & ſe iurer fidelité & parfaite ſouuenance. Cliambe fut fort ayſe d’auoir ſecrettement ſceu de Caualiree ſon eſtat, conditiō & race, ce qu’elle tiendra ſecret en ſon cœur iuſques au temps qu’il ſera libre de ſe manifeſter, & toutesfois elle portoit aſſez impatiemment ceſte departie qu’elle faiſoit retarder par tous les artifices qu’elle pouuoit, meſme le Roy ſans ſçauoir les cōceptions de ſa fille apportoit tout ce qu’il luy eſtoit poſſible pour retenir vn petit ceſte cōpagnie tant agreable : la fortune amie leur ayda en ce que tout incontinant que la mer fut ouuerte, il arriua tout ioignant du vaiſſeau des Fortunez vn Nauire Aſiatique, chargé de diuerſes marchandiſes de prix. Le Maiſtre du vaiſſeau mit pied à terre, ce que virent les Fortunez qui parloient à leurs Nautonniers pour tendre biētoſt les voiles, & leuer les ancres, & le marchād les voyāt de belle apparēce s’addreſſa à eux, les priāt qu’il euſt moyē & cōgé de faire ſon trafic en l’iſle, & y debiter ſes marchandiſes : Caualiree qui ſçauoit la couſtume du pays luy dit, Mon pere, vo° eſtes és terres d’vn Roy qui reçoit tous ceux qui abordent icy : auſſi ce Royaume par les anciennes loix eſt le pays cōmun de tout le monde : Le vieillard le remercia fort courtoiſement & retourna en ſes vaiſſeaux dont il fit ſortir quelques gens auec des hardes, & en ceſte cōpagnie eſtoit vne belle ieune Demoiſelle accōplie en beauté, releuee de grace & de façon, ſentāt fort ſon biē.


Viuarambe