Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/603

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
560
Le uoyage des Princes


à le deſirer, & de faict ſ’affligea ſi fort d’amour pour ſon ſuiet qu’il fut ſon vnique penſee. Elle preſumoit bien, veu l’apparence d’honneur de ſ’en diſtraire, mais l’amour futvainqueur de tou tes ſes autres opinions ; tellement que ceſteve hemence d’amitié l’enleua auec tel effort qu’elle en perdoit & repos & repas, & ainſi viuement ſollicitee d’affection, n’auoit plaiſir en ſoy, que lors qu’elle voyoit Arleon : Ces difficultez d’eſ prit luy cauſerent telle impatience, que ſon ame eſtoit eſperduë en l’abſence de ſon obiect : par quoy ne reſpirant que la douce felicité qu’elle ſe propoſoit de ſa belle grace, ſe reſolut de luy fai re ouuerture de ſon cœur. Il n’y a rien qu’vne amante determinee ne tente, & pourtant elle ſe reſout & puis effectua ſon deſſein qui luy ſucce da. Arleon que le deſplaiſir exerçoit cruelle ment, lamentoit ſans ceſſe pour le ſujet qui luy auoit eſté ſi cher, ayant pour ceſte cauſe de terri bles martels en la penſee, auec cela ayant l’hon neur deuant les yeux, & iugeant la diſgrace qui luyauiendroit retournant au païs, ioignit le cö ſeil auec ſa iuſte deſplaiſance, & ſceut tant bien feindre de pourſuiure ſon deſſein, que les autres ne cognoiſſans de ſon faict que les feintes qu’il leur en racontoit, ſ’en retournerent, le § — en ceſte Vniuerſité, où il dit qu’il vouloit eſtu—. dier, afin d’eſtre ſçauant & habile auant que ſ’en retourner, & qu’il eſperoit y trouuer condition & commodité, ou paſſer outre, ſelon que la for tune luy diroit. Durant qu’il minutoit ſes opi nions, Clarioſe l’apperceut & cognut fort bien qu’il eſtoit agité de ſolicitude, partant faiſant


ſ