Aller au contenu

Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/748

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
705
Fortunez. Entreprise III


de douleur, que ſouuent il ne ſe peut remettre. A la verité depuis que vous m’enquiſtes par lettres, de la ſignificatiō de ce que le feu vous offença, en fermant vng petit paquet, ie n’ay point eu de repos, & ie m’eſbahis comment vous ne vous eſtes doutee de mon inquietude, & que ne l’ayez apperceue : Si vous viſtes bien ma lettre, vous peuſtes iuger que les paroles ne partoyent pas d’vn cœur tranquile, vous l’auez bien iugé, & là deſſus pour faire tomber le tort ſur moy, & vous garentir en me mettant ſus la faute, vous m’acccuſez d’oubli : C’eſtoit moy qui pouuois iuſtement vous en conuaincre, & preſumer qu’vn feu nouueau & vne flamme eſtrangere, vous bruſloit pour vn ſuiet qui retiroit voſtre penſee de moy : Pardon Belle pardon, oubliés ce feu eſtrange, & au lieu de m’accuſer taſchés de me conſoler du mal qui me ſuruint alors, car ie fus en peine, parce que ie m’imaginaiy contre raison, plutoſt du mal que du bien, & ce feu nouueau me donna dans la teſte, par vn bruit mauuais qui courut, & me fut rapporté, durant que nous preparions ce voyage, & diſoit-on qu’vn grand auoit l’honneur d’eſtre poſſeſſeur de vos belles graces : celui qui le racontoit ne ſcauoit pas comme il me touchoit, parquoy il en parloit plus auantageuſement, deduiſant ce qui en eſtoit penſé : ſelon le cours des diſcours communs ; En verité ie n’eſtois pas faſché de voſtre bonne fortune : car on vous donnoit l’heritier d’Ofir, mais i’eſtois infiniment ennuyé & affligé de ma perte : Toutesfois ie me diſpoſois à la patience, pource que ie voulois


Yy