Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/761

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
714
Le uoyage des Princes


rieur il eſt tel qu’il contiēt tāt d’exactes ſymmetries, qu’il eſleue les cœurs des voyans en extaſes parfaites. Ainſi que ſa Maieſté mettoit le pied ſur le ſeüil, Sarmedoxe l’arreſtavn peu luydisät, Sire, cöſiderez s’il vous plaiſt ce que vous voyez ſans l’apperceuoir.L’Empereur qui auoit l’œil prōpt & ſe ſentant auiſé demeura vn petit pour eſplucher les obiets auec la veuë, & contempler plus attentiuement ce qui s’oppoſoit : regardant au hault de la vouſte il luy fut aduis en montant ce pas qu’il vit la figure d’vn crucifix qui tomboit d’enhault, s’auançant il le perdoit de veuë, ſe reculant le voyoit parfaitement. Il prit occaſion de conſiderer ceſt ouurage notable, pour, eſtant entré, le comparer aux autres. Il eſt certain qu’il ſe trouue peu d’artifices ſemblables : car il eſt naifuement fait, releué par tous les endroits de cou leurs naturelles appoſees artificiellement& d’inuention non veuè autrepart. Il eſt de toutes ſortes de plumes de toutes couleurs ſi bien collees & fermemēt appliquees qu’elles y perſiſtent durablement. Minerue cōfeſſe que celuy qui eſt en fon cabinet n’en approche pas, biē qu’il ſoit d’vn meſme ouurier, lequel en ceſtuy-cy a vſé d’vn art plus tranſcendant, & de fait il y a en ceſtuy-cy vne particularité merueilleuſemēt remarquable, c’eſt que ceux qui ſont dās le ſainct lieu ne voyēt point ceſte figure, ce crucifix diſparoiſt aux yeux & quelque peine qu’ils y mettent, ne le peuuent diſcerner. On n’en voit haut ny bas aucune repreſentation. Il n’y a apparence que d’vne riche vouſte figurant le Ciel où ſont les bien-heureux, auquel on eſt attiré par la contemplation d’vn