Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/8

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Avis


n’y auroit pas tant de grace, ie me ſuis mis à retracer mes gentillesses ſelon l’art Steganografique, afin que cecy qui eſt ſi digne, fut plus orné & dauantage deſiré & cheri, & qu’ainſi cet œuure peuſt eſtre agreable à tous : A ceux qui ne pretendent qu’à l’apparēce par la nuë apparēce qui les ſatisfera, & aux rechercheurs plus ſubtils par les énygmes que l’inuention nous fournit, leſquelles ils eſplucheront & se contenteront. Et à ce que ceux qui ne ſauent encor que c’est que de cet artifice, par lequel nous uoilons, ce qu’il nous uient à gré d’offrir aux yeux ; ie dis que la Steganografie eſt l’art de representer naïuement ce qui est d’aiſée conception, & qui toutefois ſous les traits eſpoißis de ſon apparence cache des ſuiets tout autres, que ce qui ſemble eſtre proposé : Ce qui est practiqué en peinture quand on met en ueuë quelque païsage, ou port, ou autre pourtrait qui cependant muse ſous ſoy quelque autre figure que l’on diſcerne quand on regarde par un certain endroit que le maiſtre a designé. Et außi s’exerce par escrit, quand on discours amplement de suiets plausibles, lesquels enuelopent quelques autres excellences qui ne sont cognues que lors qu’on lit par le ſecret endroit qui deſcouure les magnificences occultes à l’apparence cōmune ; mais claires & manifeſtes à l’œil & à l’entendement qui a receu la lumiere qui fait penetrer dans ces diſcours proprement