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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/92

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fortunez. Entreprise I.


n’attendions quel’opportunité d’auoir ce que no9 ſouhaittions & eſtimions trop : ceſt aduis eſt ordinaire à tous ceux qui deſirēt : & faut librement cōfeſſer que nous fuſmes biē aiſes que noſtre vaiſſeau eſtoit encor mal en point pour nous arreſter icy & ne ſuiure pas les Fortunez, qui auoiét bien d’autres entrepriſes que les noſtres ainſi les enfans font cas de leurs chaſteaux de noix. Ces bōs Inſulaires no9 faiſoient beaucoup de courtoiſies, & tāt que nous en eſtions confus, meſmes nous donnoient pleine liberté de voir, aller, venir, choiſir, eſlire, & nous ſaiſir de ce qui nous eſtoit agreable, & meſmes no9 fuſmes en la grotte, & en apportaſmes de la pierre raſſaſiante : Il fut fait vn Polypaſton auec lequel ie deſcendis dedās le creux, & en tournāt auſſi m’en releué, ainſi qu’il eſt demonſtré au theatre des machines : la machine eſprouuee il en fut fait vne grāde, tellemēt que pluſieurs furent en cet antre, où lŏ trouua le corps de la mauuaiſe Fee qui s’y eſtoit precipitee. Apres ceſte aduanture ayans vn de nos deſirs auec pluſieurs autres ſecrets qui nous furent liberalemēt cōmuniquez, nous priſmes congé de ces gens de biē, & taschames à trouuer les Fortunez, à quoy nous fuſmes aidez, car les bōs vēts no9 guiderět ſi biē que no9 priſmes terre au havre meſme, où ils auoient abordé, & ſurgiſmes en l’Empire de Glindicee, où nous trouuaſmes vn peuple ſage gouuerné par vn Empereur doüé de toutes vertus, Prince qui en la tranquillité de ſon eſprit eſtoit modeſte & reſolu, non enuieux, ny enuié, redouté des mauuais, chery des bons, & amateur de tout ce que la vertu eſtablit, n’ayant ſoing quc d’eſtre eſtimé des gens de bien. Ce Mo-