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Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/18

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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

femme dont l’amour est le métier, qu’une d’elles répondit à son protecteur, dans une scène de jalousie provoquée par son inconduite :

— Mon cher, je ne veux pas avoir l’air de m’élever au-dessus de ma position.

Il en est parmi ces dames qui se reposent des fatigues de l’amour payé entre les bras de personnes de leur sexe, de celles-là leurs propriétaires ne sont pas jaloux, ils savent que le goût particulier de leurs maîtresses les préserve d’une infidélité masculine, leur seul regret est d’être exclus des petites fêtes de l’amour lesbien.

Écoutez : Une noble dame était entretenue à la fois par un vicomte et une marquise.

Adroite, fine, jamais ses deux protecteurs n’avaient rien soupçonné et ce doux commerce aurait sans doute longtemps prospéré si une infâme, égarée par la jalousie, ne s’était avisée de dénoncer la chose au vicomte dans une lettre aussi détaillée qu’anonyme ; détaillée, mais pas assez cependant pour que le vicomte ne crût avoir affaire à un individu de son sexe.

En proie à toutes les fureurs de la jalousie, le malheureux berné voulut se convaincre davantage de son malheur. La lettre indiquait d’une façon précise le lieu du rendez-vous ; il épia, vit son adorée pénétrer dans un immeuble qu’en Parisien consommé il savait être une maison de passe. En proie à une rage froide, il se contint ; pénétrant quelques instants après sa maîtresse (il voulait le grand jeu du flagrant délit), il corrompit une domestique et se fit ouvrir la porte de