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Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/26

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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

— Quoi ! monsieur, ces présents n’étaient pas offert de bonne amitié !… Oh ! si j’avais su que votre projet était de m’entraîner dans l’abîme où tant de camarades… Laissez-moi, monsieur… Votre conduite est indigne… Et moi qui avais la faiblesse de vous croire meilleur et plus loyal que les autres !… Demain, je vous renverrai toutes que vous m’avez donné !… Oh ! ma mère ! que je souffre !…

Puis elle alla tomber pantelante dans les bras d’une vieille à cabas et à tartan.

Quant au monsieur, il resta cloué au plancher, muet, ébahi, stupéfait !

Faut-il ajouter que le lendemain on ne lui renvoya rien du tout ?

En revanche, quand Mademoiselle X… passa près de lui, elle pinça les lèvres et lui fit tout juste un petit salut bien sec de la tête.

À ceux qui s’étonnèrent d’une telle froideur envers un monsieur qui avait eu les honneurs de nombreux a parte, elle répondit :

— C’est un malotru avec lequel ne peut se commettre une femme qui a le souci de sa dignité et de l’opinion.

La cohorte des mystifiés s’est vengée en lui décernant le surnom de Pie Voleuse, sous lequel elle est connue maintenant à l’Opéra…

Le recrutement du soldat s’opère par les fréquentations de filles encore au travail qui fréquentent des prostituées de profession ou de hasard ; par la misère, par la malheureuse connaissance d’un souteneur qui,