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Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/34

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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

baissé ; dans un angle, sur un petit lit de fer, une forme grêle aux contours accusés par les draps qui la couvraient, immobile, dans la rigidité de la mort.

Comme une masse, la mère vint s’abattre sur le lit, prit le petit cadavre à pleins bras, l’étreignit, le serra contre elle, sur sa poitrine, pour lui donner un peu de sa chaleur, le faire revivre sous ses baisers, ses caresses, ses larmes ; elle le berçait, lui murmurant à l’oreille des paroles tendres, des mots que les mères seules connaissent, et dans ses larmes, dans ses caresses, elle s’écriait :

— Mon mignon, mon chéri, écoute-moi, réponds-moi, dis-moi que ce n’est pas vrai, que tu dors seulement, que tu vas te réveiller, m’embrasser… Qu’est-ce que tu as, dis, mon chéri ? Je te guérirai, va, moi, ta petite mère ; tu verras comme tu seras beau quand tu seras guéri !… Mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait ces gens-là ? Ils t’ont fait bobo, dis ? Ça ne sera rien, ça se passera…

Elle devenait folle, d’une folie de bête dont le petit est blessé, qui le défendra jusqu’à la mort…

Lâchant le petit cadavre, elle se dressa devant le bonhomme qui se tenait au pied du lit, l’air inquiet devant cette douleur, effrayé du tort que ce décès, chez lui, allait faire à son établissement.

— Qu’est-ce qu’il a eu ? Comment c’est-il arrivé ?

Embarrassé, bredouillant, l’instituteur entra dans de longues explications.

On ne savait pas — le médecin n’avait rien pu dire, il n’avait rien compris au cas ; — il avait dit d’abord