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Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/4

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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

souteneur affamé, assoiffé aussi, le plus dur, le plus exigeant des deux, allant jusqu’à frapper à coups de pieds la partie la plus active, qui n’en peut mais !

L’État-major, coté à haute, très haute cote, fantaisistement blasonné, sérieusement diamanté, est formé en majeure partie de très médiocres cabotines tourmentées de la gloire des planches et y montant surtout parce qu’elles savent qu’elles y pourront déployer tout le luxe de leurs beautés, les exhibant à toute une salle, réservant le toucher aux intimes de la coulisse : elles savent aussi que là se tient le marché le plus cher, où les choses acquièrent d’autant plus de valeur qu’elles sont mieux présentées et à une plus grande clientèle. Le rôle importe peu, le meilleur est celui au maillot le moins couvert.

Le rôle joué, les amants trouvés, l’artiste de rencontre quitte la scène, sauf à y revenir plus tard tenter une nouvelle fortune.

Sa vraie vocation c’est la fête dans toute sa splendeur avec changements de protecteurs et de domiciles, allant des petits hôtels — oh ! leurs rêves ! — à l’entresol plus modeste ; de l’entresol à la ville de province où la plus sage termine une vie galante bien remplie de soupers, de bals, de toutes les fêtes que l’oisiveté remuante sait inventer pour charmer les loisirs des jours et des soirs — en attendant les nuits vaillantes.

L’hiver se passe à Paris, avec la saison de Nice comme entr’acte ; le Grand-Prix couru, les malles s’emplissent et l’on part à la mer, aux eaux, en excursions suivant le caprice, le goût, la mode de l’année ;