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Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/43

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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

nir Monsieur par le garçon, puis elle réunit les filles et leur fit part de la douloureuse nouvelle. Ces dames, navrées, parlèrent d’une cotisation à verser pour l’achat d’une couronne ; la sous-maîtresse approuva le projet et leur annonça que probablement elles seraient convoquées pour la cérémonie. Il fallait le plus possible se mettre en noir ou tout au moins éviter les choses voyantes.

Elles s’éloignèrent ensuite, parlant bas, comme si le petit mort eût été dans la maison.

Comme elles commentaient l’événement, l’une d’elles demanda quelle inscription on ferait mettre sur la couronne.

La discussion fut longue ; on finit par s’entendre ; il était Impossible de mettre : À notre patron, puisque c’était un enfant. Celle qui avait proposé une inscription trouva : À notre ami — Regrets.

Toutes tressaillirent, au milieu de la conversation, le timbre de la porte d’entrée avait retenti. C’était Monsieur ; on l’entendit grimper vivement chez Madame, puis plus rien… Au bout d’une demi-heure, la sous-maîtresse se décida à frapper à leur porte. Sur un : Entrez ! mouillé de larmes, elle pénétra : au chevet du lit, dans un fauteuil, Monsieur, le regard terne, le dos voûté, les coudes sur les genoux, la tête dans ses mains, fixait les yeux à terre, l’air abruti. Dans son lit, Madame pleurait.

Anna, après avoir présenté ses respects à Monsieur, entama délicatement la question des funérailles ; elles devaient avoir lieu le lendemain matin, d’après l’insti-