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Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/61

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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

preuve la plus récente ; au grand détriment des indigènes, le succès s’est dessiné en faveur des Espagnoles, des Roumaines, des Hollandaises, des Russes, etc., qui la plupart n’avaient de leur nationalité qu’un costume fantaisiste.

Combien ces dames maudirent l’ordonnance qui interdit les déguisements en dehors des jours de carnaval ; Et, sans cette bienheureuse ordonnance, quel spectacle eût offert notre bon Paris, si indulgent aux fantaisies les plus désordonnées.

Cependant elles n’eurent pas trop à se plaindre, croyons-nous ; les nobles étrangers leur offrirent de nombreux dédommagements. Si nombreux que pendant les six mois que dura la grande fête internationale la province en fut réduite à la portion très congrue des trop vieilles pour pouvoir espérer faire aucune affaire à Paris. Cette attraction de l’étranger et de l’étrange… s’imposa aussi bien au sexe faible qu’au sexe fort. La chronique a relaté en son temps le prodigieux succès auprès du féminin, des âniers de la rue du Caire, troupe malpropre de chenapans recrutés sur les bords du Nil pour la plus grande distraction des Parisiens et des Parisiennes, avides des sensations nouvelles. L’enthousiasme apparent allait aux petits ânes gris, l’engouement seul fut pour les âniers… Ce qu’il y a de certain, c’est qu’au retour la troupe comptait un membre de moins…

Et l’aventure de la gitana Soledad ? Et l’aventure des deux Grenelloises, dont les épîtres brûlantes tombèrent entre les mains de l’autorité…