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Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/8

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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

dont on n’aperçoit plus que le vestige ; si le luxe s’évanouit, le fantôme fait place à l’affreuse réalité, le sceptre de la galanterie fait presque instantanément place au balai de bouleau, au cordon de la loge.

Adieu paniers ! il ne reste plus à la courtisane déchue qu’à faire danser l’anse de celui qui contient les provisions pour la cuisine.

Dans les demoiselles de la haute noce il se rencontre une catégorie qui n’a pas même la fidélité relative des horizontales de marque — de marque, sans doute parce qu’elles sont marquées au chiffre de leur propriétaire, comme son linge et sa vaisselle ? — Dans les petits théâtres, dans les entresols, dans les endroits réputés, on en trouve qui, pour un chiffre raisonnable, consentiront à tromper l’amant en titre et à figurer pour un soir dans une fête intime soit en tiers dans un ménage qui ne sait plus se suffire à lui-même, soit comme quatrième dans une partie carrée, soit comme simple partenaire dans un duo unique et passager — de passager on fait passe, c’est ainsi que la dame appelle le service qu’elle rend à un assoiffé d’amour rapide, dans une maison choisie dont la propriétaire est sa providence dans les jours difficiles.

« — Ils sont trop ! » s’écriait un grenadier de l’Empire. Celles-là ne sont pas moins ; triste armée sans cesse en bataille, sans espoir de jamais vaincre, recommençant chaque soir la mêlée ; souvent chargée par un ennemi impitoyable qui malmène les prisonnières, heureuses encore si elles s’en tirent avec quarante-huit heures de Dépôt. Quant aux blessées…, un