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M. le président du conseil. — Ce qui est l’idée maîtresse de ses vues sur le gouvernement futur de la France, c’est que le pouvoir exécutif est trop faible, qu’il ressemble au soliveau de la fable, qu’il faut lui rendre la suprématie et le commandement en face des représentants élus de la nation : que le plus mauvais des gouvernements, c’est le gouvernement collectif ; que le peuple est un enfant auquel il faut mettre des lisières. (Applaudissements et bravos répétés à Gauche et au Centre.)

Ces doctrines, messieurs, ont malheureusement paru par deux fois déjà dans notre pays, alors que la France était fatiguée des grandes luttes pour la liberté. (Ah ! ah ! à droite.)

À la fin de la Révolution française, Bonaparte le premier, escorté lui aussi de quelques républicains égarés, les conduisit à l’assaut des Assemblées et des institutions libres. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs. Interruptions à Droite).

En 1851, Bonaparte le second, qui se disait socialiste, proclamait, lui aussi, l’impuissance de l’oligarchie parlementaire et les bienfaits de l’omnipotence d’un seul.

Mais, messieurs, il faut se rassurer. À votre âge, monsieur le général Boulanger, Napoléon était mort. — (Vifs applaudissements sur les mêmes bancs. Vives interruptions sur quelques bancs à l’Extrême-Gauche.)

À votre âge Napoléon était mort, et vous ne serez que le Sieyès d’une Constitution mort-née. (Applaudissements prolongés au Centre et à Gauche. — Agitation).

Discours de M. Clémenceau

M. Clémenceau. — J’ai demandé la parole pour expliquer mon vote. Je viens répondre à l’appel de M. le président du conseil et dire bien haut que j’apporte mon concours au gouvernement. (Très bien ! très bien ! à Gauche.)

La revision n’est pas intéressée dans cette affaire, puisque, quel que soit le vote rendu, la discussion sur les propositions de revision ne viendra ni un jour plus tôt, ni un jour plus tard. (Très bien ! très bien ! à Gauche.)

Une commission est saisie de la question, et la revision n’est ici que le clou auquel on a voulu attacher la déclaration d’un second gouvernement à côté du gouvernement régulier. (Applaudissements à Gauche.)

Quelles que soient les réserves faites par MM. de La Rochefoucault, Jolibois et Andrieux, ce n’est pas sur la revision que