Page:Le bon sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles - 1772.pdf/4

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accroire à eux mêmes, ne ſachant pas pénétrer ce que c’eſt que croire.

En un mot, quiconque daignera conſulter le Bon-ſens ſur les opinions religieuſes, & portera dans cet examen l’attention que l’on donne communément aux objets qu’on préſume intéreſſants, s’appercevra facilement que ces opinions n’ont aucuns fondements ſolides ; que toute Religion eſt un édifice en l’air ; que la Théologie n’eſt que l’ignorance des cauſes naturelles réduite en ſyſtême, qu’elle n’eſt qu’un long tiſſu de chimères & de contradictions ; qu’elle ne préſente en tout pays aux différents peuples de la terre que des romans dépourvus de vraiſemblance, dont le héros lui-même eſt compoſé de qualités impoſſibles à combiner ; ſon nom, en poſſeſſion d’exciter dans tous les cœurs le reſpect & l’effroi, ne ſe trouvera qu’un mot vague que les hommes ont continuellement à la bouche ſans pouvoir y attacher des idées ou des qualités qui ne ſoient démenties par les faits ou qui ne répugnent évidemment les unes aux autres.

La notion de cet Etre ſans idées, ou plutôt le mot ſous lequel on le déſigne, ſeroit une choſe indifférente, ſi elle ne cauſoit des ravages ſans nombre ſur la terre. Prévenus de l’opinion que ce phantôme eſt une réalité très intéreſſante pour eux, les hommes, au lieu de conclure ſagement de ſon incompréhenſibilité, qu’ils ſont diſpenſés d’y ſonger, en concluent au contraire, qu’ils ne peuvent aſſez