Page:Le cabinet des fées - ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux - 33 (1786).djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
La Princesse Camion

Zirphil fit une profonde révérence à la ſalamandre pour la remercier ; car elle ne lui donna pas le temps de parler ; elle ſe replongea dans les flammes, & il pourſuivit ſon chemin. Il arriva enfin au bas d’un rocher d’une hauteur prodigieuſe, qui ſembloit tout de feu, tant il étoit brillant ; c’étoit un eſcarboucle ſi gros que la fée étoit logée très commodément dedans. Sitôt que le prince approcha, Lumineuſe ſortit du rocher ; il ſe proſterna devant elle : elle le fit relever, & le fît entrer dans la grotte. Prince Zirphil, lui dit-elle, une puiſſance égale à la mienne a balancé le bonheur dont je vous avois doué à votre naiſſance ; mais vous devez tout attendre de mes ſoins ; il faut autant de patience que de courage pour vaincre la méchanceté de Marmotte ; je ne puis rien vous dire de plus. Du moins, madame, reprit le prince, faites-moi la grâce de me dire ſi la belle Baleine n’eſl point malheureuſe, & ſi je puis eſpérer de la revoir bientôt. Elle n’eſt point malheureuſe, reprit la fée ; mais vous ne pouvez la voir qu’après l’avoir pilée dans le mortier du roi des Merlans. Ô ciel ! s’écria le prince. Quoi, madame, elle eſt en ſa puiſſance, & j’ai à craindre, non ſeulement l’amour qu’il a pour elle, mais