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La Princesse Camion

inſtruire, moins j’aurai de courage de les punir de ce dont vraiſemblablement elles ne ſeront point coupables : ayant vécu avec elles, comment aller les livrer à un ſupplice….. Vous êtes obſtiné & grand parleur reprit l’écreviſſe ; mais nous ſaurons vous réduire. Alors, elle ſe leva de deſſus la table, & ſautant à terre, elle prit la véritable forme de Marmotte en vie ; (car c’étoit cette méchante fée), ô ciel, s’écria le prince, voilà donc la perſonne qui ſe vante tant de s’intéreſſer à mes jours, elle qui ne fait que les rendre malheureux ? Ah ! Lumineuſe, pourſuivit-il, vous m’abandonnez. Il n’eut pas achevé ces mots que Marmotte ſe précipita par la fenêtre dans le réſervoir, & diſparut. Il reſta ſeul avec les douze mille écreviſſes. Après avoir un peu rêvé comment il feroit pour leur apprendre à vivre, ce qu’elles attendoient avec grand ſilence, il lui vint dans l’eſprit, qu’il pouvoit bien trouver, parmi elles, la belle & malheureuſe Baleine, puiſque l’affreuſe Marmotte lui avoit ordonné d’en piler dix tous les matins. Eh ! pourquoi les piler, diſoit-il, ſinon pour me faire enrager ? N’importe, cherchons-la, s’écria-t-il en ſe levant, & tâchons au moins de la reconnoitre pour