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La Princesse Camion

ma frayeur. Marmotte parut avec le jour, je ne vis point Lumineuſe ni ſa compagne : elle n’avoit point l’air plus irritée qu’à ſ’ordinaire ; elle me toucha de ſa baguette, ſans me parler, & je devins une petite poupée charmante qu’elle mit dans ſon étui à cure-dents, & ſe tranſporta chez la reine mère de mon époux ; elle me donna à elle, avec ordre de me faire épouſer ſon fils, ou de s’attendre à tous les maux qu’elle étoit capable de lui faire, & lui dit que j’étois ſa filleule, & que je me nommois la princeſſe Camion. Je pris effectivement beaucoup d’amitié pour ma belle-mère ; je la trouvois charmante de vouloir bien être la mère de ce Zirphil que j’adorois, & mes careſſes obtinrent les ſiennes. J’étois tranſportée toutes les nuits dans le ſallon verd, & j’y jouiſſois du plaiſir de les paſſer avec mon époux ; car le même pouvoir agiſſoit ſur lui, & le tranſportoit de même que moi dans cette demeure ſouterraine. Je ne ſavois pourquoi on me défendoit de lui dire mon ſecret, puiſque j’étois mariée ; mais je le gardois, malgré l’impatience où il étoit de l’apprendre.

Vous allez voir, dit en ſoupirant cette perſorme qui parloit, comme on ne peut éviter ſon deſtin. Mais cependant, interrom-

Tome XXXIII. M