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La mère alarmée pour le bonheur d’une fille chérie, refuse en vain son consentement à une union dont elle redoute les suites ; le père dit oui, dans sa sublime sagesse, et la jeune fille devient légalement la proie d’un joueur.

Ce joueur maître de tout, peut ruiner à son bon plaisir femme et enfans, il peut accabler la première des plus indignes traitemens et mettre en danger sa vie : la loi sur la séparation est telle, que l’épouse, que la mère souffre et se tait en silence ; car si elle demande du secours, on l’obligera d’abord de rester dans le domicile conjugal, d’où son époux la chasse chaque jour si elle persévère dans ses plaintes, on commencera par lui arracher ses enfans pour lesquels elle a tant souffert, et on les placera dans des mains étrangères lorsqu’il aura été enfin bien prouvé qu’auprès de leur père, ils ne sont pas en sûreté de la vie. Pendant la durée du procès, elle sera soumise seule à un espionnage de toutes les minutes, et à mourir de faim avec la pension alimentaire, rarement payée, qui lui a été allouée. La séparation est prononcée : la malheureuse respire enfin ; elle espère que ses enfans lui seront rendus… L’oubli de quelqu’une des formalités sans nombre voulues par les lois, la remet entre les mains d’un mari plus exaspéré que jamais par l’audace qu’elle a eue de vouloir lui échapper…

Qu’on ouvre le Code civil ; qu’on lise tout ce qui concerne la femme, et l’on se demandera sans doute d’où sont sorties ces lois barbares par lesquelles non-seulement la femme est condamnée à une tutelle éternelle, mais aussi à voir sa dignité comme épouse rabaissée, au point que, le deuil qu’elle doit porter quand elle devient veuve, est censé lui être donné par les héritiers