Page:Le dernier des Trencavels 1 Reboul Henri.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
DES TRENCAVELS.

aventuriers des bords de la Seine se préparèrent à quitter leurs masures pour venir s’installer dans les châteaux et les manoirs d’un pays plus favorisé des dons de la nature.

Le succès de cet appel aux armes surpassa toutes les espérances. Plus de cent mille hommes furent enrôlés sous la bannière de la croix.

Les légats, voulant donner un nouveau caractère de sainteté à cette entreprise, firent placer le signe de la rédemption sur la casaque des croisés, non aux épaules comme c’était l’usage dans les croisades d’outre-mer, mais sur la poitrine : « Afin, » disaient-ils, « que le zèle qui fermentait au-dedans apparût au-dehors(19). »

Le pape Innocent leva alors le masque, et fulmina contre le comte de Toulouse une bulle d’excommunication où il lui reprochait hautement d’avoir fait assassiner le légat Pierre de Castelnau ; et, le déclarant pour ce fait déchu de ses titres et domaines, les donnait et garantissait, sous la réserve des droits royaux, à quiconque voudrait et saurait s’en emparer.