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LE DERNIER.

chevaliers et bourgeois, loin de moi la pensée de vous décourager, ni de vous abuser sur le mal qui nous attend. Tout grand qu’est ce mal, il ne me paraît point insurmontable.

« Le pays français va vomir sur nous des hordes toujours avides du bien d’autrui, et nous sommes livrés en proie à ces ravisseurs par la charité du pape et de ses prélats.

« Il ne s’agit plus maintenant de plaider notre cause devant des juges iniques. C’est au jugement de Dieu qu’il faut nous remettre, et traduire nos juges eux-mêmes. Notre courage et nos armes leur prouveront que nous sommes de bons chrétiens.

« Il n’y a guères plus de cent ans que les aventuriers et les hobéraux de la Normandie se concertèrent avec les prêtres romains pour envahir et se partager l’Angleterre, et ils y parvinrent. Faut-il qu’un tel brigandage se renouvelle à chaque siècle ? Faut-il, parce que nos campagnes sont fertiles, et nos villes florissantes, qu’elles nous soient arrachées par des hommes barbares, ignorans, vivant, sous un ciel chargé de va-