et qu’elle en dispose à son gré ; car elle seule peut les purifier. Au demeurant, il importe fort peu à nos guerriers de les recevoir de vos mains, ou d’avoir à les prendre malgré vous. »
Trencavel fut assez maître de lui-même pour n’opposer qu’un silence absolu à cet insultant discours ; il tourna le dos au légat, et se retira la rage dans le cœur.
À Montpellier, il essaya en vain de faire partager cette indignation au comte Guillaume, son beau-père ; il le trouva de glace, et obstiné dans sa politique égoïste.
Trencavel rejoignit ensuite sa femme dans le voluptueux manoir de Pezènes, et non moins indigné contre Guillaume que contre le légat. « Agnès, » lui dit-il, « ton père n’a qu’une âme de boue ; il caresse ces tigres mîtrés, qui le dévoreront plus tard ; et il l’aura mérité ; car ils ne viennent ici que pour ravir et déposséder. L’hérésie est pour eux un prétexte, et rien de plus. Pour moi, je leur jure une guerre à mort : et si quelqu’un de ces hypocrites vient à tomber en mes mains, je