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À, entre deux noms de nombres, signifie environ. Ainsi on dit, Un homme de quarante à cinquante ans. Une troupe de sept à huit cents hommes, pour dire, Un homme d’environ quarante ou cinquante ans. Une troupe d’environ sept ou huit cents hommes. Il y avoit six à sept femmes dans cette assemblée.

À, sert aussi à marquer le Temps. Se lever à six heures. Dîner à midi. On l’attend à toute heure, à tout moment. Revenir à heure indûe. A la fin du mois. A jour préfix. A l’arrivée du courrier. A perpétuité. A l’avenir. Il y parviendra à la longue.

Il sert aussi à marquer le Lieu. Se tenir à l’entrée du bois. Il loge à deux lieues d’ici. A vingt lieues de là. Etre à l’écart, à l’abri, à découvert.

La Situation. A droit. A gauche. A côté. A pied. A cheval.

La Posture, le Geste. Etre à genoux. Prier à jointes mains. Recevoir à bras ouverts.

La Maniére de vivre, de s’habiller, de se mettre, de marcher, &c. Vivre à la Françoise. S’habiller à l’Espagnole. Un homme à soutane, à cheveux courts. Marcher à petits pas. Courir à toutes jambes, à toute bride. S’embarquer à la hâte.

La Qualité d’une chose. De l’or à vingt-quatre carats. Du velours à trois poils. Ouvrage à la Mosaïque.

La Quantité. Il en a à foison, à milliers.

Le Prix & la valeur d’une chose. Du vin à vingt sous, à trente sous la pinte. Du drap à vingt francs l’aune.

La Mesure ou le poids dont on se sert pour la débiter. Vendre du vin à la pinte. Vendre du drap à l’aune, à la canne. Vendre de la viande à la livre.

À, s’emploie aussi pour désigner La cause mouvante, le moyen qui fait agir. Moulin à vent. Moulin à eau. Moulin à bras. Arme à feu.

Le Motif avec lequel on agit. Il l’a dit à bonne intention. Il ne l’a pas dit à mauvais dessein.

L’État & la disposition d’une chose. Des fruits à garder. Des fleurs à cueillir.

L’Usage auquel une chose est propre. Terre à froment. Moulin à bled. Moulin à poudre. Moulin à papier. Mouchoir à moucher. Bassin à laver les mains. Bassin à barbe. Pot à boire. Bois à brûler. Bois à bâtir, à faire du merrein.

Ce qu’une chose est propre à contenir. Un étui à peignes. Une boëte à mouches. La bouteille à l’encre, pour dire, Un étui à mettre des peignes, Une boëte à mettre des mouches, Une bouteille à mettre de l’encre.

Ce qu’il est convenable de faire ; & Le bon ou le mauvais traitement qu’un homme, qu’une chose mérite. C’est un avis à suivre. C’est une partie à remettre. C’est une occasion à ne pas laisser échapper. C’est un cheval à garder. C’est un homme à récompenser. Il en est plus à craindre. Il n’en est que plus à estimer. C’est un homme à noyer. C’est un homme à étriviéres, à nazardes. C’est un livre, non seulement à lire, mais à retenir par coeur.

Ce qui peut arriver d’une chose, à quoi elle peut être utile, & de quoi une personne est capable. C’est une affaire à vous perdre. C’est un procès à ne jamais finir. C’est une entreprise à vous faire honneur. C’est un homme à réussir dans tout ce qu’il entreprendra. Il est homme à se fâcher, à vous joüer un mauvais tour.

À, joint avec un nom, sert à former des adverbes ou des façons de parler adverbiales. A tort & à travers. Parler à propos. Mal à propos. Crier à tuë-tête, à pleine tête. Tirer à brûle-pourpoint. Haïr à mort. Etre blessé à mort. Marcher à tâtons. Aller à reculons. Travailler à bâtons rompus. Déchirer à belles dents. Traiter à forfait. Battre du fer à froid. Mâcher à vuide. Mettre de l’argent à intérêt. Donner à bon compte. Vendre à l’encan. Vivre à peu de frais.

À, joint avec un verbe à l’infinitif, s’explique quelquefois par le gérondif du même verbe. Ainsi : On diroit à le voir, à l’entendre, se résout par, On diroit en l’entendant, en le voyant. Et toutes les autres semblables façons de parler se peuvent résoudre de même.

Quelquefois aussi il s’explique par de quoi. Verser à boire. Il n’a pas à manger.

Il se joint encore à l’infinitif des verbes dans divers autres sens. Il s’emporta à lui dire, jusques à dire. Il s’abaissa à le prier. S’amuser à causer. Trouver à redire. Il est encore à venir. Je suis ici à l’attendre. C’est à faire à lui à traiter ses amis. Je sais, à n’en point douter, que. C’est à vous à parler. C’est à lui à se taire. Il établit trois principes, à savoir, &c. C’est à savoir s’il le voudra. Il n’y a rien à gagner avec lui, &c. On verra les différens sens de ces phrases, & de celles des articles précédens, aux mots dont elles sont composées.

À, n’est quelquefois qu’une particule inutile qu’on peut supprimer, sans altérer la construction, & sans rien changer au sens de la phrase. Voyons à qui l’aura.

À, sert aussi à marquer le datif. Donner quelque chose à quelqu’un. Cette maison appartient à un tel. Il trouvera à qui parler. Il ne sait à qui s’adresser. Donner à quelqu’un. Obéir à la loi. Céder à la force. Rendre à chacun ce qui lui est dû.

À, s’emploie aussi dans les phrases suivantes, & dans une infinité d’autres, qui seront expliquées chacune en son lieu. Arriver à bord. Se résoudre à tout. Mettre à l’air. Mettre à la voile. Appliquer à la question. Crier à l’aide. C’est un homme qui donne à tout. Attacher à la muraille. Atteler à la charrue. Coucher à la belle étoile. Jouer à la paume, à petite prime, à quitte ou à double. Valet à gages. Pension à vie. Ils se prosternérent à ses genoux. Ils tombérent à ses pieds. Se tourner à bien. Se tourner à mal. Se mettre à l’étude. Aller à l’armée, à Rome, à l’Eglise.

ABA

ABAISSEMENT. s. m. Diminution de hauteur. L’abaissement des eaux. L’abaissement de la voix.

Il est plus en usage dans le figuré. Abaissement de fortune. Abaissement de courage. Quelquefois il signifie Humiliation, ou l’état où l’on se met quand on s’abaisse volontairement. Se tenir dans l’abaissement devant Dieu. Un parfait Chrétien doit se plaire dans l’abaissement.

Il se prend aussi pour l’Humiliation forcée, pour l’état de bassesse où l’on est mis malgré soi. C’est un esprit altier, qu’il faut tenir dans l’abaissement.

ABAISSER. v. a. Faire aller en bas. Abaisser les voiles. Abaisser la lanterne.

Il signifie quelquefois, Diminuer de la hau