Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/103

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mains soignées et des poignets douteux. Je ne l’entends jamais entrer. Il semble que le seul fait d’avoir un valet chinois huile les portes.

Jean-Pierre parle français et, comme il dit, « mandarin ».

Un ami, sachant que je me rendais en Chine, l’avait engagé pour moi et expédié à Hong-Kong afin de m’attendre au débarqué. Hong-Kong est anglais et chinois, mais comme Jean-Pierre ne parle que « mandarin », c’est-à-dire le chinois de Pékin, il ne comprenait rien à la langue du sud et comme, d’autre part, il ignore l’anglais, son vague français dans les colonies britanniques demeurait impuissant. Force lui était d’écrire pour se faire comprendre des Chinois qui, de province à province, ne s’entendent point mais se servent d’un même alphabet. Le temps pour Jean-Pierre de dessiner avec art un billet chinois et pour son interlocuteur d’en dessiner la réponse, le temps d’échanger par lettres dansantes les indispensables formules de politesse — laquelle exige au minimum que l’on demande : « Êtes-vous marié ? Combien d’enfants avez-vous ? Quel âge ont-ils ? Avez-vous vos parents ? Quel