Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/215

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Mandchous s’annoncent par des cours successives, des arcs monumentaux, d’antiques portes cloutées et de triomphales avenues où veillent comme des sentinelles des ministres et des guerriers de pierre et des animaux rituels. De hautes terrasses surplombent les cours ou les jardins que ferment des portes somptueuses. Ces portes sont symboliques. Il suffit de gravir une terrasse et de la descendre ensuite pour passer d’une cour dans une autre : ce n’est pas aux humains que les portes s’opposent, mais aux esprits. La dernière des cours est close par une porte plus formidable et qui ne s’ouvrira jamais plus. Il faut faire le tour par les terrasses pour voir ce qu’il y a derrière : il n’y a rien qu’une colline assiégée d’herbes et où des arbres penchés ont l’air de se souvenir : les empereurs sont là.

Après l’ordonnance des cours, les jardins stylisés, l’orgueil des portiques, ce coin abandonné et sauvage offre une grandeur saisissante. Nul ne sait dans quel endroit exact sont couchés les empereurs. Des Myriades d’hirondelles en nappes pressées s’abattent, tourbillonnent et retombent sur les cours.