Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/24

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La nuit, ourlant sa baie d’un collier de perles lumineuses, Hong-Kong allumé donne la réplique aux étoiles.

Hong-Kong, qui est anglais, demeure profondément chinois. Chaque matin, j’y découvre la Chine. Fuyant les magasins modernes, les buildings, je passe mes journées dans ses rues tortueuses, éclatantes et sordides, pavoisées d’enseignes, brillantes de devises où dansent, tracées d’un pinceau noir ou or, les énigmatiques lettres chinoises.

J’habite une villa escarpée, perchée à flanc de coteau comme une chèvre. Une chaise attelée de deux coureurs me descend à la ville. Je ne peux m’habituer ni à leur souffle rauque, ni à leurs crachats et je les crois tuberculeux. Mais tout le long du chemin sinueux les Chinois rencontrés crachent aussi et la poussière est telle que je finis par cracher moi-même ce qui, au lieu de me rassurer, m’inquiète.

Hong-Kong n’est qu’à une journée de bateau de Canton. Je m’embarque ce matin-là de fort bonne heure.