Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/26

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tel ou bleu noir, des haillons, des cottes couleur lavande, quelques robes noires ou vert jade dans un flot de robes claires, mais l’ensemble reste bleu, la couleur de la plèbe chinoise : la couleur républicaine. Les premières maisons apparaissent et les premiers canaux.

— C’est dans ces canaux que les bateaux se réfugient en cas de typhon, m’explique mon obligeante voisine.

C’est une dame entre deux âges, une commerçante de Hong-Kong. Elle parle un anglais un peu rauque avec un accent portugais. Sans doute a-t-elle une aïeule chinoise, une ou plusieurs ? Chaque visage, sur ce bateau, est un puzzle ethnique.

Je lui demande :

— À Hong-Kong, les typhons sont d’une violence extraordinaire, n’est-ce pas ?

— C’est horrible. Il faut avoir vu cela pour y croire. L’un des plus atroces a sévi il y a quelques années. J’étais bien jeune, mais aujourd’hui encore je ne puis en parler sans effroi. Vous connaissez le Palace, qui est à sept minutes à pied du port ? Eh bien, en une seconde, le typhon a transporté dans le hall de l’hôtel un cuirassé qui mouillait dans la baie. Mais si vous racon-