Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/262

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s’informer avec intérêt des deux illustres leaders de l’Action Française.

C’est que dans un pays où la dynastie régnante se flatte de remonter à quatre mille ans, l’enthousiasme pour Daudet et Maurras est vibrant. Leurs livres et jusqu’à leurs moindres articles y sont traduits et commentés.

Cependant, dans le vaste car où ne se trouvent que des Japonais, un jeune homme apparaît qui, deux fois déjà, avec fébrilité, a traversé notre compartiment. Il pourrait être Mexicain, Brésilien ou Portugais. En m’entendant parler français, il s’arrête, s’approche et me dit avec un accent fort correct :

— Vous venez de Kobé, et je vois que vous avez des valises : descendiez-vous du bateau ?

Sur ma réponse affirmative, il me demande si je n’ai pas voyagé avec un homme très grand, beau, portant une barbe blanche, qui est écrivain et qui s’appelle M. de Croisset.

— J’ai forcément voyagé avec Croisset, dis-je, car c’est moi.

Il me dévisage, déconcerté.