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Toi, que de ſots flatteurs, dans leur perfide uſage,
Ont nommé bienfaiſant, après t’avoir dit ſage,
Tu n’as jamais été qu’un tyran déguiſé ;
Frémis : ſi contre Henri le fer s’eſt aiguiſé,
Si la coupable main frappa ſon cœur auguſte,
Bientôt, ſans doute, un bras vengeur autant que juſte
Saura nous délivrer du plus lâche Bourbon,
Et laver dans ton ſang la honte de ton nom ;
D’un mépris éternel ſi ton ame eſt jalouſe,
Vas prendre un digne rang auprès de ton épouſe,
Et, Vitruve nouveau, vas d’un nouveau Néron
A la poſtérité conſerver le vil nom ;
Peins-nous de ces tyrans les traits les plus fideles,
Surpaſſe, ſi tu peux, encore tes modeles ;
Tes crimes hâteront l’inſtant de la vengeance,
La gloire du vengeur & l’honneur de la France ;
Vas, le plus vil des rois, vas remplir tes deſtins.
Le jour où tu naquis pour les triſtes humains,
Fut un jour que le ciel marqua dans ſa colere,
Et le jour plus affreux où l’effrayant tonnerre,
Annonçant ton épouſe au François conſterné,
Accompagnant tes pas à l’autel préparé,
Avoit aſſez montré par un ſanglant préſage,
De deux monſtres unis le ſiniſtre aſſemblage ;
Ah ! que n’avez-vous donc, couple impur & hideux,
Dans cette horrible fête expiré tous les deux !
Tu dormois ſur le trône, ô monarque imbécile,
Quand de la nation le ſuprême ſénat
Motivoit à tes pieds ſa réſiſtance utile,
Et de tes propres mains vouloit ſauver l’état !
Quelle ſécurité, tout près du précipice